vendredi 3 mai 2013

Debrief de la conférence de Kahil

Jeudi 2 mai à 18h30, la Machine à Lire a été secouée d’un vent jazzistique, à l’occasion de la conférence du percussionniste et compositeur Kahil El Zabar, animée par Patrick Duval, directeur et programmateur de Musiques de Nuit Diffusions. Amateurs de Jazz, professionnels et familles étaient au rendez-vous pour assister à une rencontre intense entre deux passionnés, traduite en direct par Jade Simon.
 
Kahil El Zabar - Patrick Duval
 
Dès son arrivée,  Kahil El Zebar, tout droit débarqué de Chicago, doté d’une carrure aussi imposante que son CV musical, impose un silence respectueux dans l’assemblée. Patrick fait les présentations, revenant rapidement sur le parcours de son ami de longue date. Des échanges fructueux, le dernier projet, Infinity Orchestra, mené avec des passionnés de tous niveaux, ayant atterri au top 10 du classement des meilleures compositions jazzistiques aux Etats Unis en 2011.

Patrick évoque les rencontres innombrables de son ami avec les plus grands. Dizzy Gillespie, Donny Hathaway, David Murray, Stevie Wonder, Paul Simon Pharoah Sanders…  Il parle de sa passion pour le jazz, ses maîtres et son public, de son inaltérable désir de transmission, de son engagement pour l’Ethnic Heritage Ensemble... réalisant des prouesses de synthétisation pour résumer en 5 minutes le parcours d’un homme qui, en presque 50 ans de carrière, et sans la moindre ride apparente, a marqué son temps.

Kahil enchaîne et raconte son plaisir de jouer, quelque soit le public, sa reconnaissance envers ses pères spirituels, à travers des anecdotes drôles ou émouvantes que l’audience semble déguster, sourire aux lèvres. Il évoque son retour en Afrique, à la quête de ses racines, son enfance dans les clubs de Jazz, son oncle, l’AACM, une époque où le jazz brisait les codes et révolutionnait le monde de la musique et la valeur du musicien. Patrick, à travers quelques interventions, joue de sa pédagogie, apportant à l’audience des éclaircissements parfois nécessaires à l’appréciation du discours expert du jazzman. Cependant, malgré le filtre de la traduction et des interventions, le public est captivé, Kahil jouant d’humour, anecdotes et onomatopées avec une légèreté transpirant l’humilité. Sans s’attarder sur la technique ou la performance, il évoque essentiellement la passion, l’émotion et la quête quasi philosophique qui doit animer le musicien, sur scène comme au quotidien. La dimension spirituelle de la musique surpasse n’importe quelle prouesse technique si cette dernière est exempte d’émotion. Une leçon de vie plus que de musique.

L’heure de la fin approche. Quelques questions du public, puis les micros se posent et les remerciements sont donnés, pour laisser place aux instruments. C’est au tour d’une improvisation de tambour, puis de piano à pouce, accompagnée de chant scandé, dansé, semblant transcender l’artiste et son public. Brutalement la musique s’arrête, laissant là un public un peu hagard, un peu bousculé par une expérience intime, privilégiée.
 
 Retrouvez une vidéo de la conférence dans 
la galerie multimédia 

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