Jeudi 2 mai à 18h30, la Machine à Lire a été secouée d’un vent
jazzistique, à l’occasion de la conférence du percussionniste et compositeur
Kahil El Zabar, animée par Patrick Duval, directeur et programmateur de
Musiques de Nuit Diffusions. Amateurs de Jazz, professionnels et familles
étaient au rendez-vous pour assister à une rencontre intense entre deux
passionnés, traduite en direct par Jade Simon.
Kahil El Zabar - Patrick Duval |
Dès son arrivée, Kahil El Zebar, tout droit débarqué de Chicago, doté d’une carrure aussi imposante que son CV musical, impose un silence respectueux dans l’assemblée. Patrick fait les présentations, revenant rapidement sur le parcours de son ami de longue date. Des échanges fructueux, le dernier projet, Infinity Orchestra, mené avec des passionnés de tous niveaux, ayant atterri au top 10 du classement des meilleures compositions jazzistiques aux Etats Unis en 2011.
Patrick évoque les rencontres innombrables de son ami avec
les plus grands. Dizzy
Gillespie, Donny Hathaway, David Murray, Stevie Wonder, Paul Simon Pharoah
Sanders… Il parle de sa passion
pour le jazz, ses maîtres et son public, de son inaltérable désir de
transmission, de son engagement pour l’Ethnic Heritage Ensemble... réalisant
des prouesses de synthétisation pour résumer en 5 minutes le parcours d’un
homme qui, en presque 50 ans de carrière, et sans la moindre ride apparente, a
marqué son temps.
Kahil enchaîne et raconte son plaisir de jouer, quelque soit
le public, sa reconnaissance envers ses pères spirituels, à travers des
anecdotes drôles ou émouvantes que l’audience semble déguster, sourire aux lèvres. Il évoque son retour en
Afrique, à la quête de ses racines, son enfance dans les clubs de Jazz, son
oncle, l’AACM, une époque où le jazz brisait les codes et révolutionnait le
monde de la musique et la valeur du musicien. Patrick, à travers quelques
interventions, joue de sa pédagogie, apportant à l’audience des
éclaircissements parfois nécessaires à l’appréciation du discours expert du
jazzman. Cependant, malgré le filtre de la traduction et des interventions, le
public est captivé, Kahil jouant d’humour, anecdotes et onomatopées avec une
légèreté transpirant l’humilité. Sans s’attarder sur la technique ou la
performance, il évoque essentiellement la passion, l’émotion et la quête quasi
philosophique qui doit animer le musicien, sur scène comme au quotidien. La
dimension spirituelle de la musique surpasse n’importe quelle prouesse technique
si cette dernière est exempte d’émotion. Une leçon de vie plus que de musique.
L’heure de la fin approche. Quelques questions du public,
puis les micros se posent et les remerciements sont donnés, pour laisser place
aux instruments. C’est au tour d’une improvisation de tambour, puis de piano à
pouce, accompagnée de chant scandé, dansé, semblant transcender l’artiste et
son public. Brutalement la musique s’arrête, laissant là un public un peu
hagard, un peu bousculé par une expérience intime, privilégiée.
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